L'équipe de France féminine a une nouvelle fois montré deux visages jeudi face à la Colombie (3-2), pour son entrée en lice dans le tournoi olympique, comme cela a été souvent le cas ces dernières semaines.

D'abord contre l'Angleterre début juin, puis contre la Suède en juillet, les Bleues ont pris l'habitude de ne pas rendre une copie claire et aboutie, mais plutôt deux versions contrastées.

A Lyon, elles ont de nouveau perdu le fil d'un match qu'elles maitrisaient parfaitement jusqu'à la pause.

"Des choses ont été très bonnes en première période, on mérite de marquer plus de buts. La deuxième période, on se met le feu, ce sont des choses à corriger", a glissé la capitaine Wendie Renard, taulière des Bleues mais qui a eu des difficultés à calmer ses troupes, et à défendre sur l'attaquante colombienne Mayra Ramirez.

Pour la latérale gauche Selma Bacha, rentrée pour les 20 dernières minutes, "il faut que la seconde mi-temps soit pareille que la première avec la même intensité", car "on a perdu trop de ballons bêtes, on s'est mis la pression toute seule, c'était la panique à bord".

Après un début en fanfare avec trois beaux buts en 36 minutes et une maitrise totale, elles ont perdu toute sérénité en seconde.

A cause d'un problème mental pour certains dont Hervé Renard qui a fustigé un manque d'engagement, et physique pour d'autres.

- "Notre propre ennemi" -

"On a un peu reculé, on a un petit peu arrêté de jouer. Elles nous ont mis un petit peu de pression, elles sont revenues avec de meilleures intentions", a admis Eugénie le Sommer, qui a rejoué ses premières minutes depuis avril. "On a été notre propre ennemi", a aussi commenté Amandine Henry.

Hervé Renard, qui a été rarement aussi crispé devant les médias, a lancé: "On est rentré en seconde période avec le cigare", balayant un problème physique.

Si elles ont été "capables de répondre au défi physique, cela veut dire que vous revenez en seconde (période) avec un esprit plus tranquille", a affirmé le coach, qui a multiplié les signes d'agacement dans sa zone technique.

Pourtant, dès la fin de la première période, plusieurs joueuses ont paru fatiguées, les mains sur les hanches. Comme-ci les Bleues avaient trop mis d'intensité dès l'entame, incapables de la garder dans la durée.

Ce n'est pas la première fois que les Tricolores montrent deux versions d'elles-mêmes sur un match.

Face à l'Angleterre (défaite 2-1), elles n'avaient pas existé en première période, trop fébriles, avant de se réveiller -trop tard- au retour des vestiaires, où elles avaient été bousculées par le sélectionneur.

"Déçu" de leur prestation, Hervé Renard avait estimé alors qu'elles avaient joué "50% du match" et que la première mi-temps avait été "indigne de l'équipe de France".

Des mots déjà forts, comme ceux de jeudi soir: "On a souvent l'habitude de dire que le foot féminin n'est pas assez regardé mais il faut montrer autre chose pour être un peu plus regardées car sinon les gens ne viendront pas au stade", a-t-il lancé, sans son sourire habituel.

Face à la Suède, le 12 juillet, elles ont été surprises dès le début du second acte après avoir livré l'une de leur meilleure mi-temps. Encore une fois beaucoup moins tranchantes et plus friables en défense.

Pour espérer remporter une médaille olympique, elles devront être plus constantes sur l'ensemble du match: "plus on va avancer dans la compétition, plus on va avoir des difficultés à garder le fil car on sera opposée à des grosses nations", a prévenu la milieu Grace Geyoro.

Ce sera déjà le cas dimanche à Saint-Etienne (21h) face au Canada, championnes olympiques en titre.